Samedi16 novembre 2013: le castrum de Montpaon (Fontvieille)
CASTRUM de MONTPAON
Visite du 16 Novembre 2013
Situé à l'extrémité ouest des Alpilles, à proximité de Fontvieille, ce castrum médiéval, connu grâce aux archives, est fouillé depuis 2007 par une équipe du Laboratoire d'Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée. C’est Jean-Christophe Tréglia, responsable de la fouille qui nous guide. Site perché auquel seul un sentier pentu donne accès; la fouille n’est pas facile: tout est amené à dos d’homme. Et pourtant que de découvertes en quelques campagnes de fouilles !
Vue du castrum en 2007 après un simple débroussaillage
Actuellement, tout est fouillé jusqu'au rempart de la ville basse
Le castrum au sommet du Mont-Paon
Ancrage paysager et historique : le castrum fait face à la forteresse des Baux, domine la plaine d'Arles et Montmajour, trois points clés du paysage médiéval. Mais savoir qu'au Moyen-Age, ce paysage était un vaste marécage. Par exemple, on n'accédait à Montmajour qu'en barque. Par temps clair, la vue porte du Ventoux à la Sainte-Victoire et à
la Sainte-Baume vers l'Est et jusqu'à la mer au Sud.
HISTOIRE
Le castrum est lié à la famille des seigneurs des Baux. Le nom du lieu est pour la première fois mentionné dans une bulle pontificale qui citerait, aux environs de 1024, « Hugues de Baux, seigneur des Baux, de Montpaon et de Meyrargues ». Le castrum existe-t-il à cette date ? On ne sait pas. Mais au XIIè siècle, lors des guerres baussenques, le lieu est occupé: c'est un poste défensif, réplique miniature du château des Baux. La fouille confirme cette datation : on trouve en abondance des tessons de céramique grise caractéristique du XIIè siècle. La famille des Baux perd ces guerres et en sort ruinée. Elle retrouve cependant sa richesse au XIIIè siècle en combattant en Italie aux côtés de Charles d'Anjou comme en atteste le programme de restauration de la muraille de Montpaon. Pendant le siècle suivant, la forteresse est prospère : des habitats s'agglomèrent au rempart du bas. Au XIVe siècle, un des derniers seigneurs des Baux meurt dans la chambre haute du logis seigneurial et est
enterré dans la chapelle castrale.
Et puis, tout est brutalement détruit dans la seconde moitié du XIVè siècle (époque de crise climatique, grande peste, guerres civiles). On sait qu'en 1380, le terrible Raimond de Turenne tenait Montpaon et qu'il y eut une opération militaire contre lui. Durant l'hiver 1596, il y eut une très éphémère réoccupation du site par une troupe militaire : pour s'en débarrasser Arles en fit le siège. Du coup , le conseil des Baux décide de raser Montpaon : 11 jours sont nécessaires. La destruction brutale du castrum se repère par un important niveau d'incendie. Les habitants descendent dans la plaine et on perd progressivement la mémoire du lieu.
Les fouilles ont montré que le site était déjà occupé au néolithique : occupation importante, comme en témoigne la quantité de matériel trouvé y compris dans les couches des importants travaux de remblaiement du Moyen-Age.
VISITE
Après une montée raide, on accède au site par un chemin qui longe l'intérieur d'un premier rempart avec la ville basse. La partie haute, vaste plateau incliné, était gardée par une seconde muraille : on y pénètre par un très bel escalier rupestre en chicane (porte et tour d'angle ont disparu).
L'escalier d'entrée de la ville haute
L'espace est aménagé du nord au sud en terrasses entaillées par de nombreux espaces semi-rupestres (maison, ateliers, étables). Un peu plus haut, se trouve une citerne de très grande capacité destinée à recueillir l'eau : on voit encore sur un mur des traces du béton de tuileau qui l'étanchéifiait et au-dessus les rigoles qui y conduisaient l'eau de ruissellement. D'autres citernes, d'autres aiguiers sont présents sur le site: réponse au problème de l'eau sur ce site perché. L'eau et l'hygiène aussi : le long du rempart Ouest se trouve une autre citerne avec système de filtrage de l'eau ; c'est en plus modeste le même système que celui très élaboré qu'on peut voir au château des Baux.
A VOIR : Creusé dans le rocher, un support pour une petite meule à main dans un atelier de forgeron.
Support rupestre de la meule
En montant, on arrive à la chapelle castrale Sainte-Marie de Montpaon dont le chevet est encastré dans le logis seigneurial qui le surplombe. La tombe creusée dans le rocher est sans doute celle d'Antoine, seigneur des Baux mort à Montpaon en 1376.
L'abside encastrée de la chapelle.
La chapelle jouxte le bord du rempart Ouest, face au Mont Valence. Au Nord les falaises abruptes forment un rempart naturel, falaises sur lesquelles subsiste un vestige du mur du logis seigneurial.
Le logis seigneurial : un grand bâtiment carré, au sommet du castrum protégé par une porte et un couloir à ciel ouvert. Il possédait son propre puits et une belle citerne avec voûte surbaissée et beaux blocs de pierre en réemploi. Une tour pleine, destinée à en renforcer les assises, se trouvait au-dessous de la chambre haute disparue : un vrai nid d'aigle !
Falaise Nord avec le vestige du mur
Entrée et couloir à ciel ouvert
CURIOSITE : dans un bloc qui se trouve aujourd'hui encastré dans le sol,
une petite tête sculptée
HABITATIONS
Elles s'étagent dans les deux parties, haute et basse, le long de terrasses, mais leur fouille ne nous apprend presque rien sur les habitants de Montpaon : en effet, elles ont été quittées et abandonnées par leurs occupants qui les ont entièrement vidées. A l'exception d'une maison adossée au rempart sud de la ville haute détruite par l'écroulement du mur (ci-dessous à droite.)
Rempart au-dessus d'une carrière remblayée
Habitat rupestre avec encoches de poutres
REMPART SUD DE LA VILLE BASSE
Recouvert par la végétation jusqu'en 2011, il a été révélé par les fouilles de 2012 et 2013. Mais, il pose un problème : il s'interrompt brusquement comme si le projet n'avait jamais été achevé : hypothèse à confirmer dans la prochaine fouille.
Premier rempart – Au 1° plan, le chais
A gauche de la fenêtre de tir, fenêtre de visée
Au XIVè siècle, cette portion de rempart a été réinvestie par une ferme; une série de blocs parallèles ont pu supporter des tonneaux. Une maison de 80 m2 est contiguë au chais. Les bâtiments ont brûlé : on y a retrouvé un niveau de tuiles provenant de l'effondrement du toit ; au-dessous un niveau de charbon de bois et de pierres rubéfiées. De nombreux objets liés aux travaux agricoles ainsi qu'une monnaie datée de 1360 y ont été découverts.
La maison incendiée du XIVe siècle.
La belle couleur n'est due ni à l'incendie, ni au coucher de soleil :
les murs en élévation étaient faits d'une argile rouge qui a fondu et a été retrouvée en fouille.
Le site est ouvert et accessible aux randonneurs, mais non signalisé (en cours d'aménagement par le Conseil Général).
Marie-Françoise Pillard
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