Archéomed, l'archéologie en milieu éducatif

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Samedi 24 septembre 2011 : La nécropole de la villa de Richeaume à Puyloubier

C’est au pied de la Sainte-Victoire, dans un site impressionnant dominé par les mamelons calcaires de l’illustre montagne, et après un petit tour enivrant à la cave de Puyloubier, que nous effectuons notre première visite de la saison 2011-2012, plus exactement aux abords de la villa gallo-romaine de Richeaume.

En 2007, une tranchée creusée dans le terrain près de la maison d’habitation permet de mettre au jour le squelette décapité d’un individu âgé d’une soixantaine d’années. A proximité, on découvre un bûcher de crémation. Il semble alors qu’on ait trouvé la nécropole de la villa occupée du premier au sixième siècle de notre ère, découverte à proximité. La trouvaille est donc d’importance. La nature sèche et caillouteuse du terrain, dont le substrat est assez proche, a permis de bien conserver les tombes de la nécropole.

L’étude des lieux, débutée depuis quelques années, porte autant sur les données archéologiques qu’environnementales. Par exemple, les charbons de bois découverts donnent des informations intéressantes sur les essences d’arbres qui peuplaient la région à l’époque romaine. On trouve ainsi du hêtre, ce qui est étonnant car, à cette époque déjà, cet arbre n’occupait plus qu’une petite zone sur le versant nord de la Sainte-Baume, à plusieurs dizaines de kilomètres de la nécropole. Peut-être a-t-on affaire, là, à un lit funéraire composé de hêtre.

Le site ne comporte qu’une trentaine de tombes, ce qui est peu, mais tous les types sont représentés : urnes funéraires, fosses (inhumations dans la terre), tombes sous bâtières (tuiles). Au centre de la nécropole on voit les vestiges d’un grand monument de 166 m² pour l’extérieur, et 144 m² pour l’intérieur. Il est daté du milieu du premier siècle. On a creusé le substrat pour bien marquer ses limites, des drains ont été pratiqués à certains endroits pour éviter l’érosion, le ravinement. A l’intérieur, on trouve des inhumations du premier siècle, avec un bûcher. Il s’agit vraisemblablement d’une terrasse monumentale funéraire. Le lieu n’est plus utilisé à partir du milieu du troisième siècle, en effet on a trouvé dans certaines tombes des monnaies datées du premier au troisième siècle. A l’extérieur, au nord, il y a des tombes d’enfants datées du Haut Empire, au sud, des tombes de l’antiquité tardive (du quatrième au sixième siècle), tombes d’enfants, d’immatures, d’adolescents et d’adultes. Globalement le mobilier découvert dans les tombes est assez pauvre.

Au nord on a trouvé aussi une fosse avec des fragments de charbon, de l’os (animal ou humain ?) etc. La destination de cette fosse est assez mystérieuse, peut-être s’agit-il de restes d’un repas funéraire jetés près d’un site de crémation. L’antracologue interrogée à cet endroit nous indique que l’étude des charbons laisse à penser que le paysage n’a pratiquement pas changé depuis le néolithique. Toujours au nord de la terrasse funéraire, une petite fosse oblige aussi à s’interroger : une tuile plate en tapisse le fond, mais on y a trouvé aucun ossement. On peut se demander à quoi elle pouvait bien servir.

A l’ouest de la terrasse funéraire, on remarque un empierrement datable de la dernière phase d’occupation du monument, il peut s’agir d’une construction permettant d’accéder à la partie supérieure de la terrasse.

 

En conclusion, même si les tombes ne sont pas spectaculaires, le site mérite la plus grande attention sur le plan archéologique. En effet, il s’agit ici de la seule terrasse funéraire connue en milieu rural ; une autre, d’époque hellénistique, avait été découverte à la Bourse, à Marseille, en milieu urbain.

 

Jean-Rémy Turgis

 



10/10/2011

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