Archéomed, l'archéologie en milieu éducatif

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Samedi 15 mars 2014: villa de Taradeau

La visite de la villa Saint Martin à Taradeau (Var)

 

 

En ce frais mais agréable après-midi du 15 mars 2014, nous nous retrouvons en bordure d’un champ sur le domaine de Saint Martin, à Taradeau. Là s’étendent les vestiges de divers bâtiments antiques. La propriétaire, Mme de Gasquet, a bien voulu nous autoriser à visiter les lieux, parfois en mauvais état de conservation, et donc quelque peu dangereux pour le visiteur non averti. Heureusement, notre guide, M. Vasseur, a participé aux fouilles et joue parfois les cicérones bénévoles pour des groupes.

Vue générale du site

 

La présence d’une villa était connue depuis longtemps, et des prospections, dans les années 1980, avait confirmé l’intérêt du site. Les fouilles proprement dites ont débuté en 1995 pour se finir en l’an 2000. Elles ont permis de déterminer diverses phases d’occupation s’étalant sur sept ou huit siècles.

La première phase d’occupation a consisté en un petit habitat indigène de trois pièces, avec un pressoir, comme semble l’indiquer la présence d’une rigole dans la roche, habitat probablement contemporain du grand oppidum situé au sommet de la colline au nord des vestiges.

La deuxième phase fait apparaître les vestiges d’une petite ferme de 4 à 5 pièces, du 1er siècle, avec une petite cour, un four et quelques murs. Les vestiges d’une forge sont visibles, avec leurs scories. Une pince de forgeron a été retrouvée là dans un parfait état de conservation.

La troisième phase nous montre une véritable villa avec bassin d’agrément, thermes, pièces décorées, tout ceci avec des techniques de construction typiquement romaines. Il s’agit peut-être d’un don fait à un légionnaire au moment de la création de la colonie de Fréjus, à quelques kilomètres de là. La villa comportait donc quelques constructions d’agréments : un petit bassin tout en longueur, entouré d’un péristyle aux colonnes faites en « camemberts » (des briques ayant une forme de portion de cercle, et empilées, puis enduites), un petit triclinium à la pseudo-mosaïque faite comme une calade avec de petits galets posés au sol, des thermes équipés non d’un grand bassin mais d’une baignoire, avec évacuation d’eau encore visible. Un problème se pose cependant en ce qui concernait ces équipements ayant besoin d’eau : on n’a découvert aucune arrivée d’eau à la villa. Cela reste un mystère, malgré la présence de vestige d’un aqueduc, mais visiblement pas en place du tout, et ayant probablement servi à autre chose.

La quatrième phase consiste en un agrandissement du bâtiment pour en faire une très grande ferme. L’absence de cimetière, malgré la présence d’une seule tombe, empêche de savoir jusqu’à quand la villa a été utilisée, mais on peut penser qu’elle a servi au moins jusqu’au VI ème siècle. On trouve associé à cette phase d’occupation un pressoir, dont le sol est en béton de tuileau, probablement un moulin à huile (la cuve ne fait qu’un mètre cube) dont on a retrouvé une partie de la meule dans le petit puits voisin, profond de cinq à six mètres. On a retrouvé aussi un important pressoir, avec un bloc important, l’emplacement d’une vis sans fin avec ses montants. Celui-ci servait pour le vin comme l’indique la présence d’un fouloir à raisin, de quatre cuves importantes à proximité, et d’un ensemble de dolia encore visibles par fragments. Le bassin d’agrément de la première villa a été prolongé vers le sud par un second bassin, puis par une sorte de canal, plus étroit, avec des tuyaux de plomb. Peut-être y avait-il à cette endroit une sorte de moulin (horizontal ? vertical ?). Mais le problème de l’adduction d’eau reste posé. Plus loin, une véritable cave s’enfonçant de 2,50m dans le sol, avec un plan incliné, est encore visible. S’agissait-il d’un lieu de stockage ? D’un lieu de culte ?

 


Les vestiges ont donc servi pendant très longtemps, et de façon continue. Cette longévité rend l’ensemble exceptionnel en Provence. On peut peut-être penser qu’on a là le résultat du regroupement de plusieurs unités de production en une seule au cours des premiers siècles de notre ère, faisant de l’endroit une véritable « usine agro-alimentaire » antique.

 

 

 

Les participants à la visite ont ensuite visité la cave du château Saint Martin, avec ses fûts transformés en diorama historiques, ses panneaux explicatifs et sa petite vitrine archéologique, puis ils ont pu dégusté des vins bien sympathiques élaborés par le domaine.

 

Bibliographie :

 

-Bulletin du CAV, 1999, pp. 57 à 70 (synthèse générale des fouilles par J. Bérato).

-Bulletin du CAV, 2000, pp. 103 à 129 (sur le matériel céramique retrouvé)

-Bulletin du CAV, 2000, pp. 131 à 134 (sur une scène de chasse trouvée à Saint Martin)

 

Jean-Rémy Turgis

 
 


03/03/2014

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